• Prologue :

    La jeune fille courait, ce qu'elle avait à dire à son supérieur était primordial pour leur mission. Loin derrière elle, Adèle entendait ses poursuivants des êtres primitifs et sauvages originaires de la planète où ils se trouvaient. Une planète qui n'était pas civilisée non plus... Ce n'était pas sa première mission mais elle avait quand même peur. La jungle s'étendait autour d'elle. Partout elle sentait la présence d'animaux dangereux.

    Mais elle était un soldat, elle mourrait s'il le fallait pour le Gouvernement qu'elle servait! C'est pour cela qu'Adèle s'était engagée dans l'armée. Mais aussi parce que c'est une excellente pilote!! Le commandant de la mission se prénommait Annie. Adèle la connaissait trop bien, elle était toujours, depuis ses débuts de cadet assignée aux missions que dirigeaient Annie. Adèle trouvait qu'Annie était une très bonne commandante et une super pilote mais elle aussi rêvait de faire enfin ses preuves! Enfin plus maintenant, le cadet Adèle avait dû partir seule explorer les environs du campement établi par le commando, euh… le commando rose bonbon! Mais Adèle avait découvert des natifs agressifs et qui n'étaient pas du tout civilisés! Elle avait eu peur et avait tiré sur un des animaux. Celui-ci voulait lui sauter dessus et la manger toute cru, c'était un carnivore, un chasseur. Et il était bien plus grand qu'Adèle. Mais le cadet avait fait une erreur : les animaux étaient intelligents. Pour venger leur ami, les bêtes avaient pris en chasse la pauvre jeune fille! Et malgré leur grande taille, leur agilité et leur vitesse qui étaient à envier par tous les animaux primitifs de la galaxie. Adèle s'en était vite rendue compte. Epuisée, elle n'arrivait pas à semer ces êtres semi-intelligents qui la pourchassaient. Mais elle arriva enfin au campement. La commandante s'était inquiétée, elle aimait beaucoup le cadet Adèle, elle lui faisait confiance et était persuadée qu'elle deviendrait une importante officier. Mais elle savait également qu'Adèle n'était encore qu'une enfant et elle n'avait jamais encore effectué de missions solo. Alors elle vit tout de suite qu'elle avait fait une erreur en la laissant seule. La jeune fille venait d'arriver épuisée et ses habits étaient déchirés. Derrière elle, Annie vit une horde de prédateurs, plus d'une vingtaine de ces bêtes pourchassaient jusqu'au campement le pauvre cadet. A bout de souffle, Adèle parvint à hurler aux autres soldats de l'aider. Elle n'en aurait pas eu besoin. Annie allait justement en donner l'ordre aux autres cadets du commando rose bonbon. Elle vérifia qu'elle portait bien son arme sur elle, puis courut vers Adèle et lui conseilla d'aller se reposer, que tous ensemble ils sauraient repousser les intrus! Mais Adèle refusa :

    " Non Annie! Je ne veux pas! Ils sont là par ma faute! Je veux m'en occuper!

    - D'accord mais pas seule! Je vais t'aider comme se doit de le faire un officier supérieur!

    - Ok commandant! Attention ils sont plus intelligents qu'on le croit en les voyants...

    - Bien, je ne les sous-estimerai pas, pas comme toi!

    - Je suis désolée commandant Annie. Vraiment...

    - Ce n'est rien, défendons-nous à présent!

    - Oui chef!!"

    Adèle et Annie commencèrent à tirer sur les animaux, qui apeurés par le nombre des soldats et leur puissance de feu décidèrent vite de battre en retraite. Peu d'entre eux furent tués mais certains blessés. Adèle alla ensuite se doucher et prit un bon repas pour se remettre de ses mésaventures. Annie était déjà en train de manger elle-aussi. La jeune fille vint s’assoir à ses côtés. Le commando rose bonbon avait établi son camp à l’orée de cette grande forêt et si des tentes avaient été dressées, le commandant et les autres soldats mangeaient sur de simples buches de bois. Des insectes rampaient d’ailleurs dessus et d’autres volaient autour des deux jeunes filles. Annie prit la parole :

    « Adèle, je t’avais dit de ne pas te faire remarquer… As-tu au moins vu ce que nous cherchions ?

    - Je crois que oui. J’ai vu des traces de pas, peut-être aussi des traces de roues mais je n’en suis pas sûre, j’étais en train d’observer ces indices quand l’un de ces animaux m’a attaqué. J’ai vite réagi et j’ai tiré. Je n’aurais pas dû…

    - Ce n’est pas grave. Je viendrais avec toi la prochaine fois…

    - Demain ?

    - Oui, mieux vaut se reposer ce soir. Tu en dis quoi ?

    - Bonne idée Commandante !

    - Parfait, alors va te coucher. »

    Adèle hocha la tête respectueusement. Elle aimait beaucoup Annie. C’était l’une de ses meilleures amies ! Annie, quant à elle, trouvait l’enfant un peu trop sûre d’elle et trop impétueuse. Mais elle lui faisait confiance. Elle regarda de nouveau vers la forêt. Elle savait que sa mission était primordiale mais elle ne voulait pas risquer la vie de ses soldats et surtout d’Adèle. La jeune fille avait intégré le commando rose bonbon depuis plusieurs années déjà. Et Annie l’aimait comme une sœur. Et elle avait ainsi peur pour la petite fille. Mais elle ne la laisserait plus seule dorénavant. Pas sur ce monde dangereux… Elle alla ensuite dans sa tente, la plus grande du campement.

    Le lendemain, Adèle fut réveillée par un chant de cor métallique. Elle crut d’abord qu’on attaquait le campement. Puis elle comprit que ce n’était pas le cas. Le cor ne vibra plus. Aucun danger ne devait les guetter, ou du moins aucun n’était visible. Adèle se leva puis s’habilla. Elle sortit de sa tente et vit Annie en train de vérifier ses armes en compagnie d’une dizaine de soldats. Le commando d’Annie comptait une vingtaine de soldats. Quand le commandant vit le cadet sortir de la tente, elle sourit à son intention et se déplaça vers elle. Adèle avait encore du mal à s’habituer à la lumière du soleil. Il brillait déjà très fort. Mais pourtant ce devait encore être le matin. Annie arriva à ses côtés et lui demanda avec un sourire si elle avait bien dormi…

    « Pas vraiment, répondit la jeune fille, j’ai encore rêvé de ces monstres. Mais j’ai aussi vu un vaisseau spatial. Un vaisseau ennemi !

    - Celui que nous cherchons ?

    - Je crois, ce n’était qu’un rêve mais…

    - Tu crois que nous allons le trouver ?

    - Je crois que je suis la seule capable de le trouver. Ce que je vais dire va te semble n’importe quoi mais c’est comme si je pouvais l’entendre m’appeler.

    - Dans tes rêves ?

    - Oui, s’exclama Adèle, c’est merveilleux. Je pense même savoir où il est. Nous devons partir tout de suite !

    - D’accord, acquiesça Annie, Commando Rose Bonbon avec moi, nous allons entrer dans cette forêt. »

    Adèle prit une ration qu’elle nicha dans son sac puis suivit les autres cadets vers la sortie du campement. Elle prit une arme au passage et la plaça à sa ceinture. Elle suivit Annie qui menait le groupe de soldats. Elle fermait la marche. Annie vit en premier les animaux qui les surveillaient. Elle sortit son pistolet et le tenant fermement continua sa route. Il ne se passa rien jusqu’à ce qu’ils arrivent là où Adèle avait trouvé les empreintes. La fillette se pencha dessus tout comme Annie tandis que les autres soldats formaient un cercle défensif autour d’eux. Les pas étaient bien ceux d’un humain. D’une botte militaire même. Et Annie vit à son tour les traces laissées par les roues du transport. Elles étaient pratiquement effacées mais on voyait qu’elles semblaient provenir d’un vieux modèle de tank défensif. Il n’y en avait plus en service depuis très longtemps, peut-être même des siècles. Annie prit une photo de chaque empreinte et vérifia dans son ordinateur tactile portable qui faisait deux fois la taille de sa petite main si ces empreintes correspondaient avec le modèle qu’elle pensait avoir identifié. Adèle se pencha à son tour et vit par-dessus les épaules du commandant que leurs recherches avaient bel et bien avancées.

    « Les empreintes de pas sont plus récentes, n’est-ce pas ?

    - Oui je le crains malheureusement Adèle 

    - Alors ils nous ont devancés ! S’exclama la jeune cadet.

    - Je ne vois pas d’autres solutions. Nous devons faire… »

    Annie n’eut pas le temps de dire attention. Un groupe d’environ vingt prédateurs, les même que la veille, se dirigeaient vers eux et semblaient… affolés ! Les soldats tirèrent quand les bêtes coururent vers eux. Mais s’ils tuèrent plusieurs dangereux animaux. Une dizaine parvint à s’enfuir. Annie leva son arme à feu vers l’endroit d’où étaient arrivés les animaux sauvages. Etonnée, Adèle fit de même. Les soldats, eux, allèrent vérifier les alentours. Cinq d’entre eux entrèrent dans les profondeurs de la forêt. Ils étaient sur un sentier. Les cinq autres restèrent avec Adèle et Annie. Sur les cinq soldats partis en reconnaissance, seul un en revint. Ses habits étaient déchirés, il saignait beaucoup et semblait encore plus affolé que les animaux. Annie s’avança vers lui. Mais avant d’avoir pu poser une question, elle entendit un son familier d’arme à feu. Annie hurla :

    « Les voilà, attention ! »

    Les soldats ennemis arrivèrent. Leurs armes à feu, des mitraillettes grandes comme leurs bras, à la main, ils tirèrent des salves de feu qui achevèrent le soldat déjà blessé. Ensuite, ils tirèrent sur les soldats. Adèle prit l’ordinateur portable d’Annie et courut vers son commandant, qui la repoussa de la main.

    « Notre mission est bien plus importante tout comme notre survie. Viens Adèle. Les soldats vont faire diversion. »

    Triste de laisser ses amis mourir ainsi la cadet obtempéra tout de même. Deux minutes plus tard, les soldats du commando rose bonbon étaient tous morts. Mais Adèle et Annie avaient quant à elles disparues.

    « Nous devons rentrer au campement, dit Adèle tout en courant comme une folle.

    - Non c’est trop dangereux cadet ! Nous devons trouver ce vaisseau et nous enfuir avec ! C’est notre seule chance désormais.

    - Bien. Mais comment allons-nous faire ?

    - Je n’en sais rien, avoua Annie, mais nous devons d’abord nous cacher d’eux…

    - Oui. »

    Les deux filles continuèrent leur course puis se cachèrent dans une sorte de terrier ou de grotte. Inoccupée à première vue… Annie était un peu blessée. Dans son sac, Adèle n’avait pas pensé à prendre son kit de survie et Annie n’avait pas eu le temps de récupérer le sien avant de s’enfuir. Elle était allongée dans le fond de leur abri, sur de la mousse. Adèle faisait le guet à l’entrée du terrier et vit tout en sentant son cœur battre à toute allure et en se forçant à ne pas respirer, les ennemis qui les cherchaient passer devant eux sans les voir. Ils continuèrent leurs recherches et s’enfoncèrent loin dans la forêt. Soulagée, Adèle soupira en recommençant à respirer. Annie comprit qu’ils étaient hors de danger. Enfin Adèle car elle avait une grande blessure qui lui faisait très mal ! Adèle sortit du terrier et aida Annie à en faire de même. Elle voulut chercher le kit de survie du commandant. Mais Annie l’en empêcha :

    « C’est trop dangereux, Adèle. Ils doivent avoir placé des gardes là-bas. Et le campement est trop loin… Il doit y avoir des plantes qui permettent de guérir les blessures ici. Mais d’abord nous devrions manger. Reprendre des forces.

    - Je n’ai qu’une seule ration, expliqua Adèle, mais je vous la laisse. Je vais chercher des plantes pour vous soulager Commandante. Je connais bien les végétaux. Pas de ce monde ci bien sûr. Mais je trouverais quand-même. Ce monde était déjà connu avant, non ?

    - Si. Pourquoi ?

    - Il doit y avoir une base de données dans votre ordi. Je peux l’utiliser pour trouver ce qu’il vous faut.

    - Vas-y. Mais nous n’avons qu’à partager la ration. J’en prendrais la moitié et toi l’autre.

    - Ca me va. Mais mangez maintenant commandant.

    - D’accord, répondit Annie, bonne chance Adèle… »

     

    La petite fille courut vers des buissons avec l’ordi portable dans ses mains. Annie se tordit de douleur. Elle devait s’être foulé la cheville en courant. Mimant la douleur de la brûlure fictive, elle cria de désespoir. Puis se mit à éclater de rire. Adèle fit de même tout en continuant à regarder avec intérêt les buissons de baies qui limitaient le jardin de leur maison. Elle regarda ensuite les fleurs de sa mère. Les trouvant fort folies mais en faisant semblant de vérifier leurs noms et caractéristiques dans l’ordinateur de sa sœur qui n’était qu’un simple morceau de bois qu’elle avait peint… Leur jeu devait durer depuis plusieurs heures car leur mère semblait très irritée en sortant de la maison. Leurs habits étaient tout sales en même temps… Annie fut la première à apercevoir leur maman car Adèle lui tournait encore le dos. Pour se faire entendre de ses deux filles, la jeune femme d’une trentaine d’années cria bien fort les prénoms de ses jumelles :

    « Adèle, Annie ! Venez maintenant, nous allons manger ! »

    Revenant à la dure réalité de leurs vies, les deux fillettes de sept ans et demi soupirèrent puis acceptèrent avec regret d’abandonner leurs rôles respectifs du cadet Adèle et du commandant Annie du commando Rose Bonbon…

     

     

    Loin de Cylis, la tante des deux fillettes, Sonia, vivait quant à elle une vraie bataille. Son vaisseau, l’Ame de Paix devait assurer la défense d’un monde éloigné de la capitale de la République démocratique galactique, la RDG. Depuis trois jours, la planète Roda était attaquée par des pirates. Les gangs malfamés étaient nombreux et prospères de ce côté de la Galaxie à l’insu des mondes qu’ils pillaient. Depuis que l’amas de Ro avait rejoint la RDG, les habitants s’étaient crus plus en sécurité. Ils se trompaient… L’Ame de Paix avait été envoyé pour non pas aider les défenses planétaires de Roda, la planète la plus riche de l’amas, mais pour défendre la planète. Les pirates avaient déjà éliminés les escadrons de défense planétaire qu’avait attribués à Roda le Grand Conseil de la Défense de la RDG. Ces pirates étaient puissants. Mais Sonia savait deux choses sur les pirates de l’espace : ils n’avaient pas de tactiques et c’étaient des lâches… Elle allait les renvoyer de là où ils venaient. Et très vite ! Voilà ce qu’avait pensé la jeune capitaine de trente-quatre ans quand l’Ame de Paix était entré dans le système cinq heures plutôt…

    Mais le combat était loin d’être fini. Debout sur la passerelle de commandement de l’Ame, Sonia sentait l’épuisement la gagner… De la sueur ruisselait sur son front. D’un geste rapide du bras, elle essuya son front. Ses yeux étaient embués. Et elle n’arrivait plus à rester concentrée. Mais ses oreilles, elles, fonctionnaient encore très bien. Trop bien… Elle entendait les cris de terreur et de peur qui venaient de derrière elle. Pourtant elle ne se retourna pas. Elle restait impassible face à la peur et la fatigue depuis plusieurs heures. Elle tiendrait bien encore quelques heures de plus. Tout en s’efforçant de paraître calme et assurée, Sonia s’avança vers les écrans tactiques du vaisseau. La plus proche tacticienne n’était qu’une stagiaire. Elle ne devait pas avoir plus de vingt ans. Paniquée comme tous les autres membres de l’équipage de l’Ame de Paix, elle parvenait pourtant à rester calme en apparence. Quand Sonia s’approcha d’elle, c’est d’ailleurs ce qu’elle crut. La jeune tacticienne sourit quand elle vit la capitaine toute proche. Elle pianota quelque chose sur le clavier tactile de son propre écran. Des schémas apparurent sur le grand écran que fixait Sonia. La capitaine fit une grimace. La jeune tacticienne le remarqua vite mais ne comprit pas pourquoi.

    « Capitaine, tout va bien ? Demanda-t-elle.

    - Oui très bien, répondit Sonia, mais est-ce que vous pourriez zoomer ici, s’il vous plait ? »

    La capitaine montra du doigt une partie du vaisseau sur le grand écran. La jeune femme s’exécuta. Bientôt le schéma complet de l’Ame fut remplacé par un relevé détaillé d’un générateur de bouclier arrière. Sonia s’avança et sa grimace s’effaça pour laisser place à un visage effaré et effrayé. La tacticienne comprit pourquoi, maintenant que l’image était bien plus grande…

    « Ce n’est pas possible, souffla la tacticienne, comment ont-ils pu détruire notre bouclier inférieur ? Nous l’aurions vu si un vaisseau ennemi s’était assez approché pour cela !

    - Exact, c’est déconcertant. Mais au moins nous savons d’où vient ce problème de stabilisateurs et cet air plus frais…

    - Oui. »

    Sonia repartit vers son siège de capitaine. Elle s’assit et appuya sur une touche dans l’un des accoudoirs. Une image miniature d’un homme d’une quarantaine d’années se matérialisa devant elle, invisible aux autres membres d’équipage présents sur la passerelle. Elle attendit quelques instants que son interlocuteur remarque la communication puis quand il se tourna enfin vers elle, Sonia déclara d’une voix forte mais dont elle ne put enlever le ton angoissant :

    « Lieutenant Surti, ici la Capitaine. Nous venons de trouver une fuite dans l’un des générateurs de boucliers arrière. Le générateur six. Envoyez immédiatement une équipe là-bas.

    - Bien capitaine, répondit Surti. »

    Sonia coupa la communication puis se laissa tomber dans son siège. Elle sentit des larmes lui monter aux yeux… La chaleur était insupportable. Elle se demanda si elle allait s’en sortir pour la centième fois en deux heures… 


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