•  Prologue : Les Rêves d'Orée :  


    Le château était en flamme, les forêts incendiées, les fleurs en pleurs, et Orée la seule survivante. Des ombres sortaient à présent du château des forêts. Orée sentit le cauchemar que cet attentat, cet assassinat avait provoqué dans tout le royaume : La Haine ! Ce sentiment était aussi celui d'Orée.  Une dernière fois, elle vit le visage en sang de son père et de sa mère qui l'appelait, ils brulaient puis plus rien, la nuit absolue...Mais la voix de son père, de sa mère, de ses oncles, tantes, cousins, amis résonnaient sans s'arrêter. Un vrai suplice. Et deux seuls mots : "Venges-nous !!"   

     

    Orée hurla, puis elle ouvrit les yeux.

    En voyant la forêt verte depuis la chambre de méditation dans la tour des Orées, elle sut que ce n'était qu'un cauchemar. La tour des Orées était une cabane immense dans l'un des plus grands arbres de la forêt des Aigles, la forêt qui entourait le Haut château royal de sa famille : le château des Forêts. Depuis qu'Orée avait obtenu ses pouvoirs, il y a un an. Elle s'en était beaucoup servie, et de façon excessive selon sa mère. Après un long moment, où celle-ci la supplia d'aller méditer sur son pouvoir, Orée avait cédé. Et elle était perchée sur cet arbre centenaire depuis bientôt une semaine. Cela lui plaisait. Elle était encore plus près des arbres, des forêts de son pays. Et c'était important pour elle. Mais c'était la première fois qu'elle faisait un cauchemar dans un arbre. Et pourtant, même dans le château, on vit un peu dans les arbres. Les chambres sont pleines de fleurs et d'arbustes. Et la famille royale comme les serviteurs vivent dans des arbres. La branche d'Orée, est l'héritière directe du trône. Et son père, sa mère et elle vivent dans le deuxième plus grand arbre. Son grand-père, le Roi des Forêts, le souverain de tout l'immense pays qu'est Arboria, lui vit dans le plus imposant des chênes . Depuis les branches de l'arbre de méditation, comme depuis sa maison, Orée peut voir l'étendue verte sur laquelle son père, le fils du Roi, et donc le dauphin, régnera un jour. Orée se leva, et comme tous les matins depuis sa plus tendre enfance, grimpa dans les hautes branches de l'arbre. Le Soleil venait de se lever. Et Orée vit la rosée sur les feuilles. Elle en prit une et but l'eau sacrée selon les légendes des siens. L'eau était douce et Orée prit une deuxième feuille qu'elle renversa sur sa tête. Après sa toilette improvisée, Orée grimpa encore plus haut. Elle aperçut des aigles qui protégeaient le château. Mais aussi de jolis oiseaux, bleus et rouges, qui chantaient. Elle les écouta quelques secondes puis commença à chanter à son tour. C'était un bon exercice de relaxation et de méditation. Et elle adorait chanter avec les oiseaux depuis qu'elle était petite.

    Elle chanta plus d'un quart d'heure puis retourna à l'intérieur de la cabane. Des fées lui avaient apporté des fruits ainsi que du miel. Orée soupira. Malgrès son isolement pour méditer, les fées lui offraient tout sur un plateau de feuilles dorées. Orée restait princesse. Et les fées la servaient. Comme n'importe quel membre de la famille royale. Pourtant Orée sentait qu'on leur avait demandé de lui apporter toutes ces bonnes choses. Mais qui? Son grand-père qui a toujours peur pour elle? Son père qui ne veut pas la voir malheureuse et qui l'adore? Ou sa mère qui aurait changé d'avis, estimant avoir été trop sévère envers elle? Orée l'ignorait mais pourtant elle aurait préféré vivre son ermitage temporaire plus sérieusement...Elle soupira, inspira puis commença sa méditation quotidienne. Elle ne s'arrêta que pour manger deux fois : le midi et le soir.

    Pour méditer, Orée était assise en tailleur sur une grande branche avec ses cheveux qui touchaient les feuilles des branches plus hautes. Ses cheveux blonds qui se mélangeaient avec la verdure rayonnante de son envirronement. Ses yeux étaient fermés mais elle voyait des images qu'elle avait déjà vu. Elle revivait son rêve :

    Elle revoyait le château en flamme et sentait même l'horreur des victimes ainsi que leur mort; aucun ne survivait. Orée était si concentrée qu'elle sentait même la fumée du désastre au lieu de l'odeur de la nature, si fraiche, si belle. Tout était identique, tout sauf les dernières phrases des victimes, en particulier de sa famille. Au lieu d'hurler : Venge-nous !! Ils hurlaient : Sauve-nous !!

    A ce moment, Orée prit conscience que ce n'était PAS un rêve cette fois. Apeurée, elle ouvrit les yeux. Elle grimpa dans les plus hautes branches. Mais même de son coin de méditation, elle pouvait la sentir : la fumée ! Dès qu'elle fut tout en haut, elle vit que ce désastre était réel!

    Son beau château, si fort, si haut, si Majestueux... Une vraie forteresse! Il était attaqué!

    Les arbres-Tours étaient en flamme. Les remparts de bois de chêne s'effondraient sur eux-même; Et des immenses nuages noirs de fumée s'élevaient tout le long du château dans le ciel noir. C'était la nuit mais le feu se voyait comme en plein jour. Orée hurla. Puis elle descendit en trombe de son arbre si protecteur pour se jeter dans le feu de l'action. Ou plutôt le feu du déséspoir! Mais la princesse courut tout de même jusqu'au château. Pour sauver ses parents même si elle savait très bien que c'était déjà trop tard...

    La Herse magique avait été vérrouillée pour la nuit. Orée utilisa sa magie pour ordonner à la porte de s'ouvrir mais rien ne se produisit. Le château ne la reconnaissait pas... Orée soupira puis incanta une formule magique dans la langue antique des arbres :

    "Omeavirdireaeonudinevia"

    Aussitôt une bague en argent avec un rubis vert apparut à son majeur droit et un diadème d'argent apparut sur sa tête. Elle récita une seconde formule magique en la langue actuelle harmonique des peuples des arbre (cette langue utilise l'harmonie de la voix pour projeter la volonté dans l'air et faire parvenir le message chanté en une formule magique comprise même par les objets ou les plantes.)

    "Herseenchantéeouvrelaporteàlaprincessedesorées !"

    Finalement la Herse prit vie et se remonta elle-même le temps qu'Orée pénétrait dans son château. Dès que la princesse fut entrée, la herse se rabaissa violemment.

    Orée courut jusqu'à l'arbre-maison de ses parents; La cour du château était pleine de cadavres. Cette cour ainsi que celles des autres châteaux étaient des jardins où poussaient d'immenses arbres: les Tours du château. La plus haute étant celle du Donjon. C'est dans le donjon que vit le Roi. Orée vit dans l'arbre le plus proche de celui du Donjon. Elle leva les yeux. Rien n'aurait pu la désoler plus : Le Donjon lui même était en flamme. Et cet incendie allait bientôt se propager chez elle ! Dans SA maison ! ! Orée courait le plus vite qu'elle pouvait mais le feu avait déjà atteint le balcon de son arbre, de sa chambre. Et il consummait déjà l'intérieur des appartements de son père et de sa mère. Orée hurla de déséspoir. Elle n'était pas arrivée assez vite; La jeune fille se mit à pleurer... Mais malgrès le danger, elle ne s'arrêta pas et ne fit pas demi-tour. Elle entra chez elle. Le feu était passé ici et avait été éteint maintenant par des elfes et des fées qui avaient transportés de l'eau depuis la rivière. Mais l'appartement n'était plus que des ruines. Sa chambre était calcinée et le métal utilisé pour protéger encore plus l'appartement était fondu. Mais Orée ne trouvait pas ses parents. Quelques instants, elle se mit à prier pour que ses parents soient encore en vie, qu'ils aient réussi à s'enfuir... Mais sa joie fut de courte durée car dans la chambre de sa mère et de son père elle vit dans les décombres et sous la couche de cendres une main avec une bague : celle de son père! Orée murmura :

    "Non... Non ! "

    Elle se releva et incanta à nouveau :

    "Terresoulèvetoicendressoulevez-vous !"

    Un nuage de terres et de cendres flotta en l'air. Orée regarda en-dessous et hurla :

    " NON !!! Papa ! Maman ! C'est injuste !!! Je ne veux pas que vous mourriez! Je ne veux pas !!! J'aurais dû arriver à temps !! Je vous vengerai ! Je vous le promet !!"

     En pleurs, elle sortit de l'arbre pour, elle le savait, ne jamais revenir...

    Derrrière elle, la couche de cendres et de terre allaient recouvrir une fois de plus et pour toujours deux cadavres calcinés et deux bagues en argent...

     

    Le lendemain : 

    "Cui-cui! Cui-cui ! Cui-cui!"

    Les oiseaux chantaient dans la forêt des Aigles. Le soleil venait de se lever. La rosée du matin coulait sur les feuilles des peupliers bordant la rivière. La pluie, qui avait été invoquée trop tard par des fées de l'eau, avait cessé depuis longtemps. Mais les peupliers, connus pour leur bonne mémoire pleuraient encore. La pluie ruissselait toujours à travers leurs feuilles et se jetait encore dans la rivière...La rosée du matin, symbole de renaissance et d'espoir autrefois, subissait le même rôle des larmes des arbres de la forêt. Les fleurs, les arbustes, les grands arbres, l'herbe ainsi que les fées, les elfes ainsi que les autres créatures enchantées et tous les animaux vivant à Arboria. Toute la forêt des Aigles et toutes les autres forêts du Royaume béni des arbres étaient en deuil ce matin. Le palais de leur souverain Le Grand Roi Des Arbres avait été assassiné par les flammes meurtrières. Tous ces héritiers avaient péri. Les fées cherchaient en vain, dans ce château pratiquement détruit par le feu, des survivants à ce désastre. Elles avaient éteint avec l'aide dela pluie l'incendie mais trop tard pour les vies non sauvées...

    Tous le savaient, l'incendie ne pouvait être naturel. Même à Arboria, l'élément feu dans toutes ses formes devaient respect au Maitre des Forêts. Il devait obéir. Et le feu était aussi utilisé dans les forêts d'Arboria, pour se chauffer la nuit, pour chauffer la nourriture, ... Parfois un feu se déclarait. S'il faisiat des dégats, l'élément responsable était puni, sinon, il pouvait être bénéfique pour la terre.

    Mais ce feu meurtrier était d'origine criminelle. C'était un assassinat! Et le feu ne peut détruire normalement les arbres et les murailles du palais. Ceux-ci se défendent. Et la nuit n'était pas un ennui pour cela. Non, le feu s'était lui-même défendu! Il était maléfique et puissant. Quelqu'un avait voulu ce désastre... La pluie et la magie de toutes les fées de la forêt avaient pû en venir à bout. Mais tous savaient que le feu s'était éteint car il avait achevé son meurtre. Il avait vaincu et terminé sa mission. Et la forêt était de sa faute en deuil, pleurant toutes leurs larmes dans la rivière, déjà grossie par la pluie, qui débordait. Elle ne pouvait contenir tous ces malheurs ! 

    L'aurore s'était tout de même levé et la rosée coulait pourtant comme si de rien n'était; mais les arbres la pleuraient et si ils se trouvaient loin de la rivière, cette eau du matin tombait sur la terre endormie. Ou alors sur le visage d'une jeune fille endormie. Un visage sur lequel les larmes avaient également beaucoup coulées. Son front fut rapidement noyé par la rosée du matin. Et comme la veille, elle lui mouilla les cheveux. De son front, les perles de rosée coulaient sur ses joues, sur ses yeux, sur sa bouche. Si bien qu'elle se réveilla finalement. Orée s'étira et sentit la rosée couler maintenant sur son cou et ses épaules. Elle se leva et s'approcha de la rivière toute proche. Celle-ci avait débordé. Et elle grossissait encore. Les arbres la bordant pleuraient la rosée. Les chants des oiseaux la réveillèrent également. Le soleil brillait déjà. Orée se dit qu'elle était dans un véritable paradis, un havre de paix. Contrairement à la nuit de la veille. De nouveau, Orée crut que ce n'était qu'un rêve. Un espoir qui la maintenait toutefois en alerte. Elle but l'eau de la rivière et s'y lava. Elle regarda ensuite son reflet dans l'eau et constata que ses habits étaient déchirés et un peu brûlés. Soudain, elle eut peur que ce cauchemar n'ai été la réalité. Elle se retourna et vit au loin le château des Aigles, sa maison; mais les tours où vivaient les habitants du château étaient noires au lieu d'être dorées et de briller au soleil. Des nuages noirs semblaient veiller ce matin sur le palais de son grand-père. Et les arbres des alentours étaient noirs, comme s'ils avaient vraimant brûlés. Les Aigles ne volaient pas au dessus des cimes des grands chènes. Ils n'étaient visibles nulle part. Orée se souvenait d'une vison de cauchemar du palais. Calcinés : sa maison, sa famille. Elle se souvenait de son désespoir, de son envie de vengeance. Elle pensait en avoir rêvé ... Mais elle n'était plus sûre de rien. A contrecoeur, elle quitta ce paradis pour rejoindre le château des Aigles...

    Les arbres calcinés n'avaient plus rien de leur grandeur et de leur honneur passé. Ils étaient les gardiens du château. Le paysage, d'habitude si gai, si heureux, si vivant,... ; était désertique, morne, sombre et triste.  Là les arbres n'étaient pas en deuil. Ils étaient morts.

    La Herse magique du château était fermée, mais elle aussi, noire. Ce château rien que de l'extérieur semblait inhabité et hostile. On aurait dit un châetau fantôme ou un cimetière !

    Orée était effrayée de voir les dégats causés par le feu mais surtout par la réalité de la chose. Le contraire n'était plus possible : elle était orpheline ... de toute sa famille! Elle se souvenait à présent de sa maison calcinée et, dans la chambre de ses parents, d'avoir vu leurs cadavres... Ce cauchemar était bien réel. Désespérée, Orée revint sur ses pas. Les larmes de la nature ne furent rien comparé à celle qu'Orée versa ce jour-là. Sa vie entière avait basculé et elle se sentait seule au monde. Tous ses amis, sa famille, son bon grand-père, son merveilleux père et sa si tendre mère n'étaient plus. Et, elle, était en vie à cause d'une punition! Parfois, elle se disait qu'elle aussi aurait dû périr. D'autre fois, elle était heureuse d'avoir survécu à ce grand malheur qui avait touché tous les siens. Seule la forêt était encore son amie. Mais elle ne voulait dire à personne qui elle était et surtout pourquoi seulement elle avait survécu. Elle n'avait bien sûr rien fait de véritablement mal. Mais elle s'en voulait de ne pas avoir serré dans ses bras sa mère avant sa mort. Ni après sa mort. Totalement sous le choc et sentant le feu s'approcher de nouveau, elle avait abandonné sa famille, déjà morte. Oui elle s'en voulait de ne pas être resté. Ou même certaines fois d'avoir essayer de trouver ses parents. Ainsi elle aurait vécu dans le doute toute sa vie peut-être mais n'aurait pas gravé dans ses souvenirs, cette image des cadavres calcinés de ses parents... Orée tenta à maintes reprises d'oublier ces images horribles. Mais elles étaient gravées à jamais dans sa tête... Comme un souvenir malheureusement éternel. Un rappel de la vérité qu'on préférerait oublier... Quelque chose qui pourrait nous anéantir de l'intérieur. Depuis le fond du coeur ! Et Orée pleura pratiquement toutes les larmes de son corps. Elles ruisselèrent sur le sol, implantant sur les sentiers de la forêt l'horrible souvenir de la mort désastreuse qui avait eu lieu lors de cette nuit fatidique et qui avait touché tout le château. Et ses alentours.

    Finalement, Orée rejoignit l'havre de paix qui l'avait recueilli après cette terrible nuit. Elle pleurait toujours. Ses habits étant verts, elle se les colora en noir. Un noir profond qu'utilisent les gens en deuil. Un noir qui montre la souffrance que ressent cette personne qui a perdu un ou plusieurs etres chers à son coeur. Elle vécut ainsi de la rivière, de la rosée, et des fruits pendant deux mois. Elle médita aussi sur sa vie et son avenir. Ses parents vinrent un jour lui rendre visite en rêve :

    Couchée sur la mousse qui lui servait de lit et recouverte d'un tissage de feuilles qui lui servait de couverture; Orée s'endormit vite ce soir-là. La lune brillait dans le ciel noir et les étoiles scintillaient de mille feux. Tout présageait une bonne nuit calme... Mais aussitôt endormie, Orée revit le château des Aigles dans toute sa splendeur passée.

    La brise calme de la nuit avait laissé place au soleil torride de l'été. Orée était dans son refuge paradisiaque au bord de la rivière. Voyant que son château avait repris vie, et parce que c'était un rêve, la jeune princesse courut jusqu'au palais arrosant les sentiers de ses larmes de joie. Très vite, elle fut devant la herse magique. Celle-ci reconnut immédiatement la princesse des Orées. Elle entra toute heureuse de revoir sa famille. Elle grimpa dans sa chambre. Rien n'avait brûlé. Son lit fait de feuilles et de pétales de fleurs était fait. Son jardin d'arbustes sur son balcon. Rien n'avait changé. Elle alla dans la chambre de ses parents mais n'y trouva qu'un lit de ronces, d'écorce et de fleurs. Fait également. Aucune trace ni de sa mère, ni de son père. Orée se mit à pleurer. Soudain, elle entendit son nom. La voix qui l'avait prononcée était la plus douce qu'elle connaisait... Sa mère ! Elle reconnut ensuite celle de son père, chaude et grave. Très grave !

    "Orée ! Dépèche-toi ! Viens manger tout de suite !!"

    La jeune fille sécha immédiatement ses larmes sur ses joues, se frotta les yeux. Mais d'autres larmes venaient à nouveau. Une seconde fois, des larmes de joie... Elle courut jusqu'au salon de l'appartement. Sa mère était là, ses longs cheveux bruns raides, comme l'écorce des arbres, étaient libres mais semblaient collés à son dos. Son père avait ses cheveux noirs assez longs également. Ils lui arrivaient aux épaules. Ils les avaient attachés ce matin. Non aujourd'hui. Le soleil était déjà haut dans le ciel. Tous deux étaient habillé en verts clair. Orée portait toujours sa robe noire de deuil. Elle la changea rapidement en un habit vert avec une formule magique. Elle se retrouva vétue d'une robe vert fluo. Avec une ceinture de lianes comme elle les aimait tant.

    Sur la table, étaient disposés des paniers de fruits, du pain crées par les fées boulangères, du miel d'abeille naine dorée(le meilleur des miels réservés aux nobles) dans des bocaux de verre. De l'eau de source et du jus de pomme étaient aussi entreposés dans des bouteilles de verre. Dans la panier, il y avait pratiquement tous les fruits de la saison : des fraises, des pêches, des pommes, des cerises, du raisin, ...

    " Miam ! Ca a l'air bon !" s'enthousiasma Orée en voyant toutes ces bonnes choses qui lui avaient manqué. Elle prit du pain et y fit couler du miel. Elle se versa un grand verre de jus de pomme. Et pris également quelques fraises et quelques cerises...

    Ses parents furent heureux de la voir manger ainsi mais tristes aussi car ils allaient devoir partir, l'abandonner à nouveau bientôt. Ils devaient faire vite.

    " Orée chérie. Tu sais que ce n'est qu'un rêve ? Nous sommes vraiment morts ma fée...

    - Oui maman! Mais je veux profiter de ce rêve!

    -Tu peux toi, encore profiter de ces fruits, de ce jus de pomme, de ce miel. Ou de ces beaux habits... Pas nous.

    -Je sais, je suis désolé. Mais non. Je ne peux plus profiter de la vie puisque vous n'êtes plus là. Que je suis seule et triste. C'est trop dur à supporter !

    - J'imagine... Mais tu es en vie! Tu dois profiter de cette vie ma chérie. Tu dois vivre ta vie à présent. Aller de l'avant! Ne plus penser ainsi au passé. Ne plus penser sans cesse à nous !

    - Je ne peux pas ! C'est au-dessus de mes forces maman! Je ne peux pas vous oublier !

    - Nous ne voulons pas non plus que tu nous oublie. Mais que tu vives heureuse. Tu peux penser à nous. Mais ça ne doit pas te rendre triste. Moins triste qu'avant du moins. Nous t'aimons beaucoup Orée. Et te voir malheureuse est insupportable pour ta mère et moi. Allez sourie à nouveau même dans la vraie vie. Pas seulement dans ce rêve. De plus tu es l'héritière unique d'Arboria. Et tu as une mission à remplir ma fille!

    -Une mission papa ? Comment ça ? Laquelle ? Pourquoi moi ?!?

    -Parce que tu es Orée, la princesse des Orées, la princesse d'Arboria...Et plus encore !"

    "Papa ?!? "

    Le prince des arbres venait de se taire. Il faiblissait son habit devenait blanc comme son visage et ses cheveux.

    " Papa ?!? Papa ?!?  Réponds !

    -Je dois m'en aller. Je suis désolé Orée! Adieu ma fille adorée!

    -Papa !!!!!!,hurla Orée."

    Son père ne lui répondit plus. Il lui sourit puis s'évapora. Sa mère subissait le même sort à son tour.

    " Maman ! Non Maman ! Ne m'abandonne pas !!!"

    Orée sauta dans les bras que sa mère lui tendait. Elle l'embrassa une dernière fois. Sa mère la serra fort dans ses bras et lui murmura alors qu'elle devenait blanche :

    " Je serai toujours là ma fée ! Ma princesse ! Je te le promet. Promet-moi de ne pas m'oublier ! Je t'en prie. Je t'aime Orée ! Je t'aime ma fille. Adieu mon enfant ! Adieu Orée! ..."

    Le silence régna alors. Orée serrait toujours sa mère dans ses bras quand celle-ci disparut. Tout à coup, Orée revit le feu ravager le palais, elle se revit découvrant les cadavres de ses parents. Puis s'enfuir pour ne jamais revenir. Puis elle refit le premier cauchemar qu'elle avait fait dans sa vie : ce rêve malheureusement prophétique. Et ces mots de son père. Des mots désespérés, des mots violents, un ordre : "Venges-nous !!" 

    Orée se réveilla alors en sursaut. La lune était toujours dans le ciel ainsi que les étoiles. La nuit sombre. Juste la lumière des astres du ciel. Et le silence de la nuit, si l'on excepte les chants des grillons et l'écoulement doux de la rivière. Orée se rendormit en espérant revoir une fois encore ses parents et sa vie d'antan...

    Mais la nuit passa tranquillement. Sans rêve. Ses parents étaient partis. Et les visions de cauchemar aussi mais le souvenir du rêve était là : " Venges-nous !! "

    Cette voix résonna dans l'esprit d'Orée toute la nuit. Une voix angoissée lors de son premier rêve mais là déterminée et violente. La peur et la souffrance étaient passés. Restaient le souvenir et l'envie de vengeance .

    " Venges-nous !!  Venges-nous !! Venges-nous !! Venges-nous !!

    - Oui ! Je vous vengerai ! Je vous le jure !" 


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